Une soirée à thème consacrée aux dés... Voilà qui pourrait diviser les joueurs ! En effet, certains hardcore gamers ont parfois rejeté ces petits cubes en les vouant aux gémonies ! Pourtant, qu'on le veuille ou non, ces objets sont intimement liés au "ludique" et cela depuis des millénaires !

Si on en revient aux origines, les premiers dés, surement en os (et proches) des osselets, n'étaient pas forcément des jeux... Qu'est ce qui a poussé un homme à les lancer et à s'interroger sur leurs résultats ? Cela restera surement un mystère.
Notre avis (très autorisé) est que, comme chez les ludochons, ils jouaient en fait déjà, et aimaient truffer leurs conversations de citations fleuries "Aux quatre coins de la grotte qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle.", mais qu'ils prenaient les choses de manière beaucoup plus... littérale.
À cet instant d'ailleurs, les dés hésitaient (le propre des dés) entre le ludique et les outils de divination. En effet, là, où le hasard s'aventure et où l'homme ne peut plus prévoir, certains veulent situer un endroit où les Dieux "peuvent agir". Ces premiers dés étaient donc surement aussi proches des pierres runiques, et ouverts à des interprétations plus ou moins oiseuses (comme les stratégies de certains joueurs).


Châteaux de Bourgogne Châteaux de Bourgogne - peu de thème pour le jeu mais respect du thème de la soirée...

Néanmoins assez vite le petit cube s'est imposé comme un outil ludique essentiel. Aujourd'hui, il est associé depuis longtemps au hasard (et même au chaos), et dans certaines expressions, on assimile l'un à l'autre de manière assez réductrice, le fameux "Alea jacta est", se voit traduit suivant les auteurs par "le sort en est jeté", ou "les dés sont jetés".

Pourtant, le moindre mathématicien, vous répondra qu'avec un dé, on entre dans le domaine des probabilités, et que si le résultat de chaque jet de dé est imprévisible, sur la durée on voit réapparaitre les grandes lois de répartition.

Curieusement, c'est chez les amateurs de jeux de simulation, ces fans du réalisme et de la mesure précise, que les dés ont fait leur retour en gloire. En effet, il est apparu assez vite, pour eux, comme le moyen de mesurer l'impondérable, propre par exemple à un champ de bataille (comme cette ornière invisible dans laquelle le châssis du canon se bloque).

C'est d'ailleurs eux qui remettront à l'honneur les "formes" les plus étonnantes pour les dés (D4, D8, D10, D20,...), pour permettre une évaluation la plus "probabilistiquement exacte" de l'impondérable ! Les joueurs de jeux de rôle embrayèrent avec diverses approches certaines ultra-rigoureuses, d'autres permettant à un joueur malheureux de réaliser un "fumble" et de se tailler le dos avec son propre cimeterre dans un mouvement aussi élégant qu'improbable (Ca sent le vécu, hein ? Quoi que pour ce personnage surtout la fin du "vécu").

On a aussi vu à cette occasion se développer des "formes" mais d'attachement cette fois-ci, entre les joueurs et leurs dés, certains cherchant les dés de leurs couleurs fétiches, d'autres n'utilisant que certains dés dans certaines situations, d'autres enfin cherchant la forme ou la matière parfaite pour un dé (cubique à coins non arrondis ou pas)

Yspahan Yspahan - Des dés omniprésents (sauf sur la photo), mais aussi une vraie gestion

Le jeu de société moderne a aussi fait apparaître des usages plus originaux de ceux-ci : le dé peut se transformer en un simple compteur ou à l'opposé en un pion / ouvrier évolué, un sélecteur de ressources, une brique de construction,...
Toutes ces utilisations existent toujours dans le jeu et on peut clairement mesurer la richesse des usages ludiques du dé si on compare un Strike avec un Marco Polo, un Perudo avec un Châteaux de Bourgogne, un Blueprints avec L'âge de Pierre, un Las Vegas avec Rolling freight...
Bref, ce petit objet qui a traversé le temps trouve encore le moyen de nous surprendre.

Nations Nations - des dés à tout faire

Les jeux

  • Andor (Michael Menzel chez Iello)
  • Les châteaux de Bourgogne (S. Feld chez Alea)
  • Colony (Ted Alspach, Toryo Hojo, N2 sur Bézier games)
  • Nations The Dice Game (Rustan Håkansson chez lautapelit.fi)
  • Outlive - Édition Collector - (Grégory Oliver chez La boite de Jeu)
  • Yspahan (S. Pauchon chez Ystari)

Les joueurs

  • Éric, Matthieu, Manu et Vincent (Bibou) sur Colony
  • Magali, Olivier, Stéphane 2, et Suzel Sur Château de Bourgogne
  • Davide, Frédéric, et Noémie sur Yspahan
  • Bertrand I & II, Raphaël et Vincent (Possom) sur Outlive
  • David, Lucie-Anne, J-B, John, Nelly et Vincent (Tcho) sur Andor


Outlive Outlive - tout le monde n'a pas joué le jeu (avec les dés)