Les ludochons

Si le jeu n'était pas pour nous, joueurs fervents, une oeuvre de création et l'évocation (dans le thème des jeux) de différentes cultures, un hommage ou a minima une allusion respectueuse, nous pourrions sérieusement nous inquiéter de la montée des débats sur l'appropriation culturelle....

Certes, on peut parfois reprocher à nos jeux d'avoir parfois des thèmes un peu plaqués, voire de se demander si le thème choisi ou son illustration ne dessert pas le jeu ! Néanmoins, nous ne serions pas pour autant prêts, pour éviter toute polémique, à transformer tous nos jeux en des jeux abstraits, où nous déplacerions des cubes de couleurs neutres sur des cases que nous nommerions "dispositif n°1" ou "échangeur n°4"... C'est sans doute pour cela que la très grande majorité de nos jeux ont des thèmes !

''The white castle - Japon un peu abstrait mais bon succès' chez nous'

Nombreux, d'ailleurs, sont nos joueurs qui, s'ils sont honnêtes (et ils le sont), avoueront avoir parfois acheté un jeu pour son esthétique, son thème ou son matériel ! A l'image de certains joueurs de figurines fantastiques qui vont commencer à frémir dès qu'ils voient apparaître le "bolter" d'un Space Marine, de ceux qui aiment les wargames historiques et qui pourraient trembler d'émotion devant un dragon napoléonien, le fan de jeu de société peut aussi se laisser aller à quelques inclinaisons
Et on connait des ludochons, sensibles au choix à la richesse du matériel, à l'évocation de la Nature, à la mention d'un événement historique, à des périodes particulières et à des lieux ou des pays...

Cette évocation d'une période, ou d'une culture dans les jeux est généralement faite dans un bon esprit, plutôt respectueux... C'est heureux parce qu'hier si ce n'avait pas été le cas nous aurions pu voir débarquer quelques Yakuzas chargés de nous apprendre le respect de la culture japonaise ! Bonsaï, Iki, The White Castle pas moins de trois jeux sur le thème du Japon ! Il faut d'ailleurs avouer que si on veut être très positif le Japon dispose d'un formidable "Soft Power" dans le monde du jeu de société (européen) et il serait surement assez frappant de compter combien de jeux évoquant le pays du soleil levant ont pu sortir ces dernières années ! Le Japon fait partie des quelques thèmes récurrents qui sont ré-explorés périodiquement ( comme les "Celtes" au sens large, les vikings, les arbres, les animaux, etc...).

Qu'est ce qui fait qu'un thème fonctionne ? Y-a-t-il des modes ? Voilà des questions bien complexes... Car si on prend du recul on peut se dire que de nombreux thèmes japonisants, pourraient parfaitement, se retrouver dans l'histoire européenne ou mondiale, et les Samourais japonais pourraient aussi bien être des chevaliers teutoniques, des mousquetaires français, des cavaliers mongols, etc. Alors ce qui fait le thème d'une jeu ? Est-ce le choix de l'auteur ou celui de l'éditeur ? Et des considérations "politiques" où peuvent se combattre ou se renforcer des questions sur l'appropriation culturelle, notre propre rapport à l'histoire, la popularité de telle ou telle culture, et même nos propres goûts.

On peut ainsi se demander si parfois on n'escamote pas quelques sujets plus difficiles grâce à cette délocalisation. Est-ce qu'un jeu de conquête, est supportable dans une culture lointaine, ou mieux encore imaginaire, mais plus sensible s'il risque d'évoquer le colonialisme ? Se ferme-t-il des portes ? Rappelons que le classique Puerto Rico avait eu à affronter après / avec son grand succès une sorte de retour de flamme quand certains joueurs avaient évoqué la signification réelle de ces petits marqueurs marrons.

Peut-être qu'un sociologue ou un historien apprendrait bien des choses en regardant les thèmes de nos jeux, ce qu'ils sont et ce qu'ils ne sont pas...

Bonsai - Est-ce qu'un maître Bonsai a la même tournure d'esprit qu'un joueur ?

Les jeux

• 5 Towers (Kasper Lapp chez Deep Print Games)
• Bonsaï (R. Battiato, M. Borzì & M. Chiacchiera chez DV Games)
• Celtae (Orlando Sá chez Matagot)
• General Orders: World War II (Trevor Benjamin, David Thompson chez Osprey Games)
• Iki (Koota Yamada chez Sorry We Are French)
• Quartermaster General (Ian Brody chez Asyncron)
• Sleeping Gods (Ryan Laukat chez Red Raven Games)
• The White Castle (Isra C., Shei S. chez Iello)
• Prototypes

Les joueurs

• Bertrand II, Davy, Guillaume, Olivier, Philippe et Vincent (Possom)
• AlainCM, Damien, David, et Magali
• Franck, Noémie, et Vincent (Bibou)
• Alexis, Carole, Nattan, et Stéphane (Gnafron)
• John, Manu, et Michaël
• Bertand, Céline, Michaël le plieur, et Yohan

Celtae - Plus de place au Japon.... Prenons des Celtes sur un terrain fictif... :-)