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vendredi, novembre 5 2021

4 novembre 2021 - Billet non culotté (car étamé)

Il est parfois assez impressionnant de voir le crédit qu'un auteur établi peut avoir auprès d'un éditeur, par rapport au premier péquin venu. Prenons le cas de l'excellent Martin Wallace, dont on a retrouvé un des jeux (Tinner's trail) en cette belle soirée... Imaginons que vous soyez éditeur, et qu'un quidam enthousiaste mais inconnu se pointe à votre porte en vous proposant un jeu sur l'exploitation minière de l'étain et du cuivre en Cornouailles.... Et bien, pour ce qui est de l'étain, ce genre de thème n'éteint généralement qu'une seule chose : l'envie de l'éditer (du moins avec ce thème) !

Bien sûr, cet éditeur virtuel, en le refusant, pourrait vouloir faire de l'humour, et en poussant à l'extrême la moquerie, proclamer :
"- Ah.... C'est dommage.... J'ai déjà dans les cartons un triptyque sur l'histoire de la dinanderie à Villedieu-les-Poêles... dont un très beau prototype sur la fabrication des cloches en Normandie..."(1)

Tinners' trail, nov. 2021 Tinners' trail - Euh, à ce stade de la partie, j'ai acquis une belle série de stations thermales....

Bref pas facile de proposer un thème à un éditeur, mais si vous vous appelez Martin Wallace et que vous avez quelques succès derrière vous, une réputation flatteuse et l'habitude d'obtenir des succès avec des jeux arides sur des sujets improbables et des illustrations étiques, vous pouvez faire le bonheur d'un éditeur (qui se dira que, même en cas d'échec, il pourra se refaire sur le budget graphisme).

Cette introduction discutable n'a d'ailleurs pour but que de s'étonner de ce nouveau Tinner's trail, qui est un Wallace sur un sujet tellement peu engageant a priori que, si cela constituait votre spécialité, elle ne vous vaudrait même pas d'être invité à un diner de cons, mais jeu, qui se trouve être joli (?!?), assez accessible (?!?) et même pas trop punitif (?!?)... Voilà de quoi perturber nos plus anciens joueurs et de nous demander s'il ne convient pas de tout reprendre à zéro, y compris cette chronique...

Que dire d'autre, alors, sur cette soirée s'il faut repartir à zéro ? Et bien passons de l'étamage à la déculottée ! (Tout cela pour le bonheur de cette association d'idées!).
Nous avons appris que la femme était, on le savait, l'avenir de l'homme (Aragon), l'avenir du joueur, mais aussi maintenant l'avenir des petits animaux forestiers... Il semblerait en effet qu'au moment où nous les ayons quitté, certains de nos vétérans, ayant du poils au patte et, sur leurs corps burinés par des heures de jeu, les marques de leur expérience ludique, (un oeil torve, un regard chassieux à qui rien n'échappe, des doigts longs et crochus pour déplacer prestement et silencieusement les meeples, ) bref, que les tenants du savoir et de l'histoire ludochonne aient un peu souffert de la présence d'une jeune joueuse à leur table de Root...
Bref une déculottée , je crois, je ne sais pas s'il seront plus "woke" dans le futur mais ils seront surement en tout cas plus attentifs... D'ailleurs le woke chinois n'est pas étamé (tout se tient, tout se tient!).

Signalons aussi que pour ceux qui aiment les loisirs apaisés (le club vieillit?), plusieurs de nos membres randonnaient dans la campagne anglaise avec Meadow, jeu qui fonctionne bien chez nous et que, Guillaume qui, lui, aime bien les choses qui font réfléchir attirait quelques âmes innocentes (et Noémie :-) ) sur Noria .

Prochain compte-rendu d'ici une quinzaine de jours puisqu'il ne nous est désormais plus possible de fréquenter nos locaux les jours fériés (donc le 11 novembre).... Paradoxe moderne, dans une civilisation, où on travaille de plus en plus les jours chômés, mais où il devient impossible de jouer à ces mêmes dates.

Noria, nov. 2021 Noria - Si tu suis bien toutes les rotations et bien, c'est facile, tu gagnes... un tour chez l'ostéo...

(1) Note : cette remarque uniquement pour faire plaisir aux bretons que j'assaisonne d'ordinaire (enfin ceux qui l'ont compris ;-) ), et qui pourraient, sinon, finir par vouloir me livrer quelques tonnes d'algues vertes...

Les jeux

  • Deep sea adventure (Jun Sasaki chez Oink Games)
  • Meadow ( Klemens Kalicki chez Asmodée)
  • Noria (Sophia Wagner chez Pegasus Spiele)
  • Root (Cole Wehrle chez Leder games)
  • Tinners' Trail v2 (Martin Wallace chez Phalanx)

Les joueurs

  • Cédrick, David, et Romain
  • Bertrand II, Matthieu, Olivier, Vincent (Possom)
  • Alexis, Eric, Léa, et Michaël
  • Guillaume, Juan-Maria, Noémie et Tibi
  • Serge un peu tard.


Root, nov. 2021 Root - des couleurs d'automne adaptées à la saison.... ou à un bain de sang ?

vendredi, mars 6 2020

5 mars 2020 - Collapsologie pimpante

C'est un curieux rapprochement qui s'est produit chez les ludochons hier, un choc dans notre calendrier, puisque c'est le jour où on annonce que la France atteint début mars son jour du dépassement Carbone, que certains de nos ludochons s'aventurent sur le terrain de Paris New Eden, jeu post apocalyptique, où dans un Paris très vert (on se croirait dans une campagne électorale!), des aventuriers tentent de reconstruire une nouvelle ville...

Paris New Eden, mar. 2020 Paris - new Eden - Après les existentialistes, les survivalistes...

Pour tout dire ce qui surprend dans ce jeu c'est le côté pimpant des illustrations, attention nous ne parlons pas du "pimp" ludique cette tendance visant à customiser son jeu, non, nous évoquons bien l'adjectif pimpant et son cortège de couleurs joyeuses et de courbes rassurantes, pour un jeu post-apocalytique cela peut surprendre de prime abord!
En fait, si on regarde avec attention nos boites de jeu dès qu'il s'agit de l'apocalypse, il y a deux écoles.
D'un côté, il y a la version fête foraine pour survivalistes, là on est plutôt dans les couleurs sombres, la batte de baseball (puissance du soft power américain), la tronçonneuse (bis) qui est toujours à sec, la saleté et les amputations à vif à l'opinel (ça, c'est pour la French touch!).
Bref, ça ne va pas rigoler, et même si parfois c'est un peu moins violent (Otys aujourd'hui), on peut quand même penser que pour les concepteurs et certains des joueurs la compassion et les cellules miroir ne sont pas leur préoccupation principale. Bref si le livre avait encore un peu d'importance dans cet univers on dirait qu'ils ont brûlé Rousseau pour ne retenir qu'une version sous acide (ou stéroïde) du Leviathan de Hobbes...

À l'opposé, il y a les tenants de l'effondrement bisounours, les hommes habitent dans des arbres, et vivent de cueillette et de chasse (mais sans tuer des animaux, hein parce que, même si c'est conceptuellement pointu, c'est mal et puis ça peut être clivant chez les acheteurs). Là, la palette de couleurs est nettement plus pastel, et le jeu est apaisé, voire collaboratif...
Bref dans un des cas on mange des topinambours cultivés avec plaisir, dans l'autre, aussi, mais crus et à même la terre... Dilemme ? Pas faux...

Mais, voilà, comme il convient de le rappeler "Mother nature is a bitch" (notez qu'on le lui rend bien), et il est peu probable que le scénario qui nous attend ressemble à tout cela, et par principe donc il y a de bonnes chances pour qu'il nous surprenne... Pire notre surprise sera aussi en partie le fruit de notre cécité où souvent de notre capacité à ne préparer que ce que nous imaginons avec tous nos préjugés...
J'en veux pour preuve cette nouvelle "réjouissante": à Hong-Kong suite à quelques difficultés de "circulation", le papier toilette est devenu si rare qu'il intéresse le marché noir. Aviez-vous lu beaucoup de choses sur le sujet avant cette nouvelle et bien non... Et je pense d'ailleurs, avec émotion, au survivaliste qui dans sa cave passe ses soirées à retirer l'étiquette de ses conserves parce qu'il avait négligé ce petit détail... Et oui, de ce côté là nous avons un biais sérieux et depuis longtemps (ainsi avez-vous souvent vu des gratte-culs compagnons indispensables de nos poilus dans un musée de la première guerre mondiale, alors que les mitrailleuses sont légions?).

Reef, mar. 2020 Reef - Des récifs en plastique au fond de l'océan.... Visionnaire ?

Bref, le futur n'est jamais ce qu'on en pense et c'est pour cela qu'il faut souvent garder un attitude souple à son égard, certains collapsologues recommandent donc souvent de faire confiance à de petites sociétés humaines plus collaboratives, qui sont des entités assez souples et évolutives... Et, puisqu'il y a société dans jeu de société, nous nous permettrons de penser que ce qui nous prépare le mieux à l'avenir dans nos soirées ce n'est pas nos jeux mais nos joueurs... Enfin, si nous apprenons un jour la sobriété ludique et à ne plus pledger compulsivement pour du plastique ! On a encore du boulot et on est déjà le 5 mars...

Les jeux

  • Celestia (Aaron Weissblum chez Blam!)
  • Cyclades (Bruno Cathala et Ludovic Maublanc chez Matagot)
  • Otys (Claude Lucchini chez Libellud)
  • Paris : New Eden (Ludovic Maublanc et Florian Grenier chez Matagot)
  • Reef (Emerson Matsuuchi chez Plan B Games)
  • Rocketmen (Martin Wallace chez Asyncron)
  • Welcome to your perfect home (Benoit Turpin - Blue Cocker)
  • It's a Wonderful World (Frédéric Guérard chez La boîte de Jeu) x2

Les joueurs

  • Alain, Vincent (Bibou) et une invitée
  • Guillaume, Maude, Philippe et Serge
  • Olivier, Stéphane (l'aff) et Ulysse
  • Alexis, Manu, Michaël, et un invité
  • Bertrand, Cyril et Frédéric (et sa jeune assistante :-) )
  • AlainCM, Éric, Jean-Marc, Pauline et Vincent (à la barbe fleurie)


20200305_rocketmen.jpg, mar. 2020 RocketMen - Alors on fait moins le malin là ? Dans la fusée, hein, Elton ?

vendredi, février 28 2020

27 février 2020 - révolutions oubliées

Les révolutions exercent dans nos sociétés modernes une certaine fascination, soit qu'on s'en réclame ou qu'on s'en méfie, ou qu'on exalte ses réalisations ou qu'on discute du côté contrasté de leurs bilans. D'aucuns prennent un certain plaisir à se réclamer de tel ou tel, ou de s'y opposer et de rejouer sans risque et sans terreur, les grandes heures des révolutions, en prenant des pauses de matamore (bien au chaud cependant).

Pourtant, il est une révolution (en fait des révolutions) qu'on a tendance à oublier: la révolution industrielle! Et oui depuis qu'Adolphe Blanqui a défini ce terme en plein milieu du XIXème siècle, cette révolution est devenue un sujet d'études, mais ils sont rares, ceux qui s'en réclament ou tentent de se rapprocher de ses grandes figures ! Quelles figures d'ailleurs ? Des ingénieurs, des agronomes, de grands propriétaires, des capitaines d'industrie, des analystes économiques ? Pas facile...

Age of industry, fév. 2020 Age of industry - le charbon et l'acier, cela donne peu de bleu sur la carte !

Cette révolution est d'ailleurs un défi à la définition quand commence-t-elle vraiment? Quels sont ses moteurs (démographie, révolutions agricoles, révolutions techniques, progrès de la connaissance, un peu de tout) ? Elle n'a même pas la gentillesse d'être uniforme en prenant des formes diverses suivant les pays (notamment en France en raison par exemple du morcellement des terrains dû à la Révolution) et de ne pas pouvoir se résumer aussi facilement à quelques formules (comme le "take off") pourtant intelligentes, tout cela sans compter ses propres paradoxes (les progrès du savoir et de la scolarité alors qu'on exploite à grande échelle les petites mains)....

Bref, chez les ludochons qui ont des avis souvent très différents sur tout un tas de sujets et bien, on n'a jamais vu un ludochon se pointer avec un T-shirt "Viva la révolution industrielle", et pourtant cette révolution a bien changé nos vies, mais on ne s'y intéresse souvent que par rapport avec son impact social!
Il y a plus fascinant encore, les ludochons et les joueurs en général adorent la révolution industrielle, sans en avoir conscience !

Combien de jeux de civilisations ? Combien de jeux sur le développement des trains au XIXème ? Brass nous rappelle même fort pertinemment que la révolution débute via les canaux! Les joueurs parcourent cette période avec méthode, sans en avoir conscience, alors qu'ils tracent avec attention des réseaux ferrés ou d'énergie...

Barrage, fév. 2020 Barrage - la révolution industrielle c'est aussi une puissante révolution énergétique!

Il y a encore quelque chose de plus drôle encore ! Enfin c'est très relatif mais si vous avez tenu jusque là vous sentez déjà que l'on ne risque pas de rire aux éclats aujourd'hui.... Comment s'appelaient certains opposant aux progrès en Angleterre ? Les Luddistes. Si!

Ned Ludd, à la fin du XVIIIème siècle lança un mouvement en cassant des métiers à tisser, pour revenir aux métiers traditionnels... (Ouaip ça fait un peu moins rêver de nos jours sauf si vous aimez filer la laine). Bref les luddistes s'opposaient à la révolution industrielle que les ludistes pratiquent assidûment...

Est-ce que nos ludochons qui jouaient à Age of Industry ou à Barrage pensaient à cela alors qu'ils combinaient leurs ressources ? Pas sûr (sauf à être largué mais ceci est une autre histoire !)

J'ai bien essayé de me persuader de faire rentrer les différents types de cabanes de The Grimm Forest, dans le développement de révolutions techniques par la mise en place du capitalisme dans l'univers des contes mais j'ai eu un doute...
Russian railroad, fév. 2020 Russian railroad - Curieusement le jeu évoque peu les goulags qui servaient à construire les lignes les plus improbables....

Les jeux

  • Age of Industry (M. Wallace chez Tree frog games)
  • Barrage (Simone Luciani et Tommaso Battista chez Cranio Creations)
  • Geschenkt - Non Merci (T. Gimmler chez Amigo)
  • The Grimm Forest (Tim Eisner chez Druid city games)
  • Isle of Skye: From Chieftain to King (A. Pelikan & A. Pfister chez Mayfair games)
  • Just One (Ludovic Roudy et Bruno Sautter chez Repos Prod.)
  • Kanagawa (Bruno Cathala, Charles Chevallier chez Iello)
  • Res Arcana (Thomas Lehmann chez Sand Castle Games)
  • Russian Railroad (H. Ohley & L. Orgler chez Hans im Glück)
  • Salade 2 points (Molly Johnson, Robert Melvin et Shawn Stankewich chez Gigamic)

Les joueurs

  • Alain, Noémie, Philippe et deux nouveaux Mathieu et Charlotte.
  • David, Stéphane 3 et Vincent (Tcho)
  • Guillaume, Natacha et Séverine
  • Éric, Maude, Vincent (Possom) et une invitée Sandrine (de l'est)
  • Bertrand II, Davy, Frédéric II et un invité Jérôme.
  • Cyril, Joëlle, Suzel et Olivier


Isle of Skye, fév. 2020 Isle of Skye - Back to basics... Whisky et Aberdeen-Angus !

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