23 février 2023 - Cuisine ludique
Par Cheesegeek le vendredi, février 24 2023, 09:02 - Au jour le jour - Lien permanent
Avec un titre ludique pareil, certains s'attendront à ce que nous remettions en cause les résultats récents de l'As d'Or en évoquant si possible une complot sordide des meeples du "Front des Jeux de Placement", inquiets de la place réduite donnée aux Meeples dans certains jeux !
Rassurez-vous cela ne sera pas le cas ! Dommage, regretteront les amateurs de billets rigolos ! Certes, nous avions notre champion en la personne de Yoann et de son jeu (ou,i il y a aussi Fabien) qui a "juste" la qualité d'être bon, très innovant et dans un style assez peu récompensé, et nous étions prêts à le revendiquer (surtout en cas de victoire), en criant de joie pour "NOTRE" Yoann comme tout bon supporter qui porte au fond de son canapé avachi, le maillot de son équipe, et ses chaussettes fétiches porte-bonheur !
Mais le sort en a décidé autrement et nous avons donc noyé notre chagrin dans les jeux...
Non, aujourd'hui, nous avons évoqué les parallèles curieux qu'on pourrait tracer entre la cuisine et le jeu !
Rien à voir ! me direz-vous. Attendez un peu...
Outlive - Le défaut du post-apocalyptique c'est l'absence quasi-systématique de restaurants gastronomiques !
Certes, la cuisine a toujours bénéficié d'une image flatteuse dans notre pays, et on retrouve depuis des siècles, des grands noms qui éclairent son histoire comme des Carême, des Vatel, des Brillat-Savarin, des Escoffier, et une kyrielle d 'autres grands cuisiniers et critiques... Le jeu, nous l'évoquions hier pendant notre séance, vient lui d'une zone nettement plus interlope, et il y a une vingtaine d'années, alors que le secteur du jeu frémissait pourtant déjà, quand vous évoquiez votre passion, vous ne récoltiez bien souvent que des sourires entendus et un brin méprisant.
Cependant , comme toujours la cuisine qui avait ses grands noms (Robuchon, et compagnie) souffrait aussi d'un mépris pour ses petites mains peu valorisées et qui trimaient dans les cuisines avec leurs brigades, un peu comme nos auteurs de jeux.
Et vinrent les réseaux sociaux et la mise en avant ! On a soudain découvert la haute technicité de la cuisine et de la pâtisserie, on a rencontré des chefs qui réfléchissaient sur des grands cahiers à leurs créations, qui répétaient inlassablement des mêmes gestes jusqu'à trouver le geste juste (Bras). D'autres chefs cherchaient des épices étrangers (Roellinger) ou des fusions complexes... On a redécouvert le travail sur les textures qu'avait entamé (Robuchon) parfois en s'en moquant un peu (Lignac) ou en les restructurant (Marx). On a découvert que le milieu avait ses pontes (Ducasse) comme il y en avait toujours eu (Bocuse), mais qu'il y avait des dizaines d'autres brillants artisans partant dans des chemins de traverses, étudiant les couleurs (Gagnaire), s'intéressant aux jardins (Passard), travaillant dans l'excellence (Guy Savoy)... Et on en oublie encore des dizaines qui peuvent légitimement nous en vouloir (Pic, Piège (son formidable Grand livre), les "mères" lyonnaises...).
A côté de ces monstres sacrés, on a aussi re-découvert en parallèle la bistronomie et ses plaisirs, avec des plats simples et plein de saveurs.
Et bien curieusement, si on y réfléchit - après une petite pause gastronomique parce que cela nous a donné faim tout cela - on découvrira que dans le monde du jeu on a _un peu_ bénéficié des mêmes leviers... Certes les débuts furent plus modestes, voire amateurs. On a découvert, au début sur quelques blogs et sites alors obscurs, que nos créateurs travaillaient pas mal sur leurs jeux, qu'ils avait tous "leur patte" (les cuisiniers avaient leur pâte), qu'ils tentaient de mixer ou de fusionner les saveurs et les mécanismes, qu'on re-découvrait les grandes familles ludiques (simulationnistes, euro, asiatique...) et avec le succès croissant on a vu se développer des gammes différentes avec les gros jeux, des jeux pour spécialistes , initiés, et grand public permettant de passer un bon moment (de la bistronomie ludique)...
Tout ce travail a fini par soulever un enthousiasme bien légitime pour ces deux disciplines.
Je pense que vous voyez mieux le parallèle, non ?
Passons au désagréable, est-ce que nous ne serions pas tous victimes des excès de ces instruments qui ont permis de faire connaître et d'améliorer nos passions ? En effet, si le travail de tous ces formidables créateurs pour générer des instants uniques et mémorables est remarquable, on voit se développer d'étranges travaux où se confondent parfois la lettre et l'esprit...
Le plat est savoureux et on le rend magnifique... Splendide ! Mais on voit s'empiler, sur Instagram des dizaines de clichés splendides, qui, parfois, semblent avoir oublié une question simple "C'est bon ?"... Et sur le jeu nous voyons un peu la même chose ou dans des déballages on nous met en avant uniquement la qualité du matériel, sans que cela ne soit jamais suivi d'une analyse (Note nous cédons aussi à cela).
Les noms s'affichent (c'est très bien de reconnaitre enfin les artistes) parfois de plus en plus gros, mais ils finissent par occulter les graphismes, les mécanismes et parfois même le jeu...
Pire, on a presque l'impression que la bistronomie tourne parfois au fastfood, meilleure rentabilité certes, besoin d'avoir des jeux / plats sûrs, sécurisants mais plus forcément aussi exigeants qu'ils ne le devraient l'être...
Dans le jeu, nous avons même, avec les kick starters, des phénomènes d'emballement (comme ces restaurants complets pour des mois sur un nom), entrainant les prix et même des sortes de spéculations avec des dizaines de boites revendues dès la livraison, histoire de bénéficier de l'enthousiasme avant qu'il ne retombe.... Bref on empile des boites de plus en plus grosses de jeux parfois injouables ou injoués.
La cuisine et le jeu méritent toute notre attention, mais parfois aussi on voudrait que dans l'enthousiasme certains n'entament pas leurs saveurs !
Iki- Dans Iki on tourne en rond mais c'est ce qui fait la saveur du jeu !
Les jeux
- Iki (Koota Yamada chez Sorry We Are French)
- Keyflower (R. Breese & S. Bleasdale chez R&D games)
- Outlive ( Grégory Oliver chez La Boîte de jeu)
Les joueurs
- AlainCM, Davy, Séverine et Stéphane (Gnafron)
- Julien, Matthieu, Olivier, Sébastien, et Vincent (Possom)
- Alexis, Franck, Jori, et Manu
Keyflower - Je ne suis pas un bon joueur mais pour le placement produit je me défends !
Commentaires
Keyflower -... Oui... J'ai osé...
Partie bizarre, on s'est beaucoup gêné, puis fait exploser par Vincent mais bonne ambiance.
C'est pratique Cannes !