Les meilleurs sociologues (ceux que je ne lis pas) vous le diront, "les surnoms disparaissent". Il y a encore quelques années vous pouviez vous appelez Riri, Fifi et Loulou, et être parfaitement intégrés à la société (et, pour ceux qui ont saisi cette puissante référence culturelle, même vous promenez la queue à l'air comme votre père), aujourd'hui cela devient de plus en plus rare (c'est peut-être une bonne chose, enfin surtout pour la référence)...

Bien sûr, au sommet de l'échelle, il y avait le nom des compagnons du devoir associant une qualité et leur région d'origine, puis il y avait la longue série des diminutifs. Cette liste peut faire regretter à elle seule à des parents d'avoir choisi avec attention le prénom de leur enfant, pour le voir se faire raccourcir en une monosyllabe gutturale.

Il y avait ensuite tout ces surnoms de circonstance, sorte d'identité secrète pour des supers-héros (parfois avec la liaison) de l'ordinaire. Ainsi j'ai connu un auguste paysan normand qui répondait au doux nom de Tagada, ce qui me poussait à me demander s'il méritait cette appellation à cause de sa passion pour les sucreries (j'étais jeune et innocent), ou à cause d'une passion moins avouable pour les produits de fermentation et de distillation de la pomme qui lui avaient permis d'acquérir un appendice nasal des plus reluisants ou si cela faisait référence à "Tagada Tagada Tsoin Tsoin" ce que son attitude assez figée, suite à la consommation de produits de fermentation et de distillation de la pomme, rendait totalement inexplicable...

Mais dans le panthéon des surnoms votre serviteur a une grande tendresse pour ceux des catcheurs français des années 50... Qui avait-il de plus beau qu'un combat entre "L'équarrisseur de Belleville" et "Le marteau du Creusot" (noms inventés mais vous comprenez l'idée).... Notons que l'appellation géographique permettait là-aussi de situer nos héros, d'attirer des supporters voire permettait d'étranges oxymores, que penser, ainsi, de "La brute de la Sorbonne", ou de "L'esthète des Halles" ?

Culte

Voilà, c'était joli, c'était amusant et pensez à Marcel Cerdan, formidable boxeur ayant acquis le titre de "Bombardier marocain"... On savait à l'instant, à qui on avait à faire, et on comprenait qu'il valait mieux éviter le feu roulant de ses poings mais on peut parier qu'aujourd'hui on se méfierait de ce titre qui renverrait une personne à un statut de colonisé en l'associant qui plus est à une arme du colonisateur... Au demeurant, c'est marrant au Maroc cette passion pour les trucs ailés...

Voilà , le surnom est devenu tellement suspect qu'on ne vous le donne plus c'est vous qui le choisissez comme un étendard avec votre avatar, et il faut encore le manier avec prudence. Pour le coup il devient un peu rare chez les ludochons, tellement rare qu'à vrai dire certains devant cette rareté, pensent que "Manu" s'appelle "Manu" ou que Zag est le diminutif du prénom "Zaggus"...
Mais avouons pour leur pardonner que la plupart du temps, nous restons dans des appellations très sages (enfin à une exception près, on me dit qu'une ancienne présidente à un surnom digne d'un Weinstein couperosé !)... Et voilà qui nous frustre... Et pour ne pas pleurer je n'évoquerais même pas les pseudos finissant par des numéros !

N'aimeriez-vous pas des comptes rendus lyriques ou le "sans-grade de Saint-Chef" serait pulvérisé par le "plongeur de l'isle d'Abeau" ? N'aimeriez-vous pas lire les aventures "meeplelisator" ? Que certains ludochons répondent au doux nom de "Pion impatient", "Va-t-en guerre mieux", "Stratégie bien ordonnée", "Deck Martins", "Grand strat & gère", "Key failure", "Ju(n)kbox", "РЖД", "LE joueur du salon !", "Le laitier belge", "Ponction ludique", "La Si", etc...

Ah les jolis compte-rendus que cela donneraient, et pour le coup, votre serviteur passerait ses soirées dans les dictionnaires à chercher les adjectifs les plus rares et les associations les plus étranges !
Mais voilà c'est presque le mois d'août, les ludochons se font rares, et par cette chaleur on cherche plus l'ombre que l'adjectif, sans compter que certains jouent même aux tables musicales....

Voici donc la liste de nos modestes sans-noms ludiques :

les jeux

  • Culte (Konstantin Seleznev chez Bragelone)
  • Hansa Teutonica (A. Steding chez Argentum Verlag)

Les joueurs

  • Alexis, Franck, Manu, Michaël, et Rémi
  • Cyril (Atom), Michaël le jeune, et Philippe


Hansa teunonica