Voilà, bientôt un an que les ludochons sont masqués... Et, au-delà du masque, et à une lettre près, c'est surtout le manque !
De quoi devenir philosophe, me direz-vous... Et bien, c'est peut-être une bonne idée que de se risquer dans ce territoire ! Puisque nous évoquons cette possibilité, expliquons aussi, pourquoi nous sommes si sûrs qu'il convient d'explorer cette piste .
Remarquons pour cela, que nous ne manquions pas, au début de nos séances de saluer "nos" Alain qui semblaient souvent bien philosophes, et, alors que nous étions si proches de la révélation, nous n'avions, jusqu'alors, jamais évoqué, ni même pensé,... au philosophe Alain.

C'est un tort ! (Il est toujours important d'user d'un ton définitif quand l'enchaînement est douteux). Car les éditeurs, qui savent souvent tirer profit des événements, fussent-ils contraires, ont remis en avant les "Propos sur le bonheur" de celui-ci...
En effet, en cette période, pour ce qui est des propos et du blabla nous sommes assez au point, et il suffit de se brancher sur une chaîne d'information continue pour apprendre, avec délice, toutes les manières offertes par le langage pour agrémenter le vide ! Par contre, pour ce qui est du bonheur, c'est une autre paire de manches ! Or, si on parle de manche, le ludochon parait l'interlocuteur idéal, soit qu'il soit toujours prêt à en jouer une ou deux, soit qu'il joue comme l'un d'entre eux.

Alain Ludochons, mar. 2021 Le philosophe Alain portant le célèbre béret des ludochons... (Pour Alain, c'est sûr. Pour le béret, le sujet est débattu !)

Maintenant, que nous nous sommes donc auto-proclamés spécialistes du sujet (au prix de cette belle démonstration, d'une solidité proche de celle d'un château de cartes sur le pont d'un clipper dans l'Atlantique Nord), revenons à Alain, à la philosophie et au jeu, car voilà ce qu'il déclare dans son propos du 30 novembre 1922 :


"L'homme n'est heureux que de vouloir et d'inventer. Cela se voit dans le jeu de cartes; il est clair, d'après les visages, que chacun contemple alors sa propre puissance de délibérer et de décider; il y a des Césars de la manille, et des passages du Rubicon à chaque instant. Même dans les jeux de hasard, le joueur a tout pouvoir de risquer ou de ne pas risquer; tantôt il ose, quel que soit le risque; tantôt il s'abstient, quelle que soit l'espérance; il se gouverne lui-même; il règne. Le désir et la crainte, importuns conseillers dans les affaires ordinaires, sont ici hors du conseil, par l'impossibilité où l'on se trouve de prévoir. Aussi le jeu est-il la passion des âmes fières. Ceux qui se résignent à gagner en obéissant ne conçoivent même pas le plaisir de jouer au baccara; mais, s'ils essaient, ils connaîtront au moins pendant un court moment l'ivresse du pouvoir."

Ah, le bel esprit ! On reconnaît bien là un esprit qui a grandi dans le bon air normand ! Quoi qu'il en soit, voilà une belle interrogation sur ce qui constitue le sel de notre plaisir ludique et qui se conclue par une belle déclaration d'amour à cette pratique !
Le jeu serait donc la passion des âmes fières, voilà qui devrait clouer le bec au prochain quidam qui s'amuserait à vous reléguer au statut d'être immature ! Maintenant, notre trop longue privation risquerait-elle de nous voir courber la tête et nous faire abandonner ces reflets d'intelligence qui éclaire le regard des ludochons ? J'en frémis.

Jarnac, mar. 2021 Jarnac - Il y a, peut-être, un message caché, oui, mais lequel ?

Et puis d'ici notre retour, saurons-nous réfléchir à cette question : notre plaisir ludique dépend-il uniquement de notre capacité à délibérer et à décider ? Vaste question, et nous ramasserons les copies à la réouverture...

Vous aimez la philosophie ? Cela tombe bien nous avions déjà tordu le cou à Descartes... ;-)