Dans un cercle de joueurs normallement constitué il y a toujours un moment où vous rencontrez votre Némesis... Notez que généralement, on déforme ce concept et qu'on est loin de la déesse étrange de la vengeance et de l'équilibre, nous en faisons plutôt, non pas une personnification d'un ennemi intime mais plutôt une sorte de figure en creux, votre contraire ludique...

Ce concept peut parfois être relativement cruel, en effet si vous êtes le ou la némesis de Raphaël, notre ancien membre, parti "juste au bon moment" dans le Grand-Est, vous avez peut-être été plus vite que lui, dans une zone verte et vous êtes probablement plus chanceux que lui sur ce point mais, il est certain, qu'en revanche, vous n'avez pas gagné une partie depuis le 12 mars 2003, et que, qui plus est, vos défaites sont généralement larges et humiliantes.
Dans ce cadre, il vaut nettement mieux se positionner comme la némésis de votre serviteur, qui enchaîne avec une certaine efficacité les stratégies douteuses et les résultats médiocres ! Une de nos joueuses ne s'était pas trompé et avait réclamé ce titre, il y a quelques temps... Belle idée, qui dénote un esprit plutôt malin (En effet, c'est bien ma némésis) !

Bon, mais que nous ayons déjà ou non trouvé notre némésis, les choses deviennent nettement plus ennuyeuses pour nous les joueurs, en ce moment, puisque nous avons, tous, maintenant un ennemi intime... Ennemi intime, qui n'est plus simplement notre complémentaire ludique, mais l'ennemi implacable du joueur : j'ai nommé, vous vous en doutez, la covid....

Nemesis, mai 2020 Nemesis - "once fastened, servile, now you're getting sharp / moving oh so swiftly, with such disarm / I pulled the covers over him, shoulda' pulled the alarm / turned to my nemesis" Pearl Jam "Go".

Rappelez-vous! Souvent, vous avez vanté, auprès de vos collègues moqueurs ou éberlués, les qualité du jeu de société et bien, reprenez cet argumentaire, et vous vous apercevrez que cette dernière race de corona-virus semble vraiment vous en vouloir....

  • "le jeu de société engendre de bons moments de rire et de joie".... Dernièrement, quand vous éclatez de rire, il semble que tout le monde se sente obligé d'ouvrir son parapluie, de baisser sa visière, et de sortir son gel hydro-alcoolique... Ce qui par ailleurs ouvre des perspectives intéressantes pour tous les spécialistes du One man show pas drôle.

  • "Le jeu de société est transgénérationnel".... Il est déjà difficile de se réunir mais mélanger les générations parait être devenu le nec plus ultra du comportement social réprouvé...

  • "Le jeu de société rapproche les gens, en leur offrant des terrains de rencontres et de discussions"... Alors là, l'attention du censeur va se focaliser, en un instant, sur le mot "rapprocher".

  • "Le jeu de société est une source d'évasion"... En fait, ce n'est pas trop ce qu'on vous demande en ce moment, où on vous préfère chez vous...

  • "Le jeu de société est assez peu cher".... Cela reste vrai mais si on ajoute le prix des masques, le gel et la stérilisation du jeu, cela va devenir discutable... Sans compter tous les jeux qu'il va falloir acheter pour soutenir nos boutiques préférées : #shoptonjeu !


Si nous devions céder à la paranoïa nous affirmerions bien haut que le covid n'est pas la création d'un chinois israëlite anti-capitaliste qui aurait croisé un pangolin transgénique et démocrate avec des chauve-souris pédophiles, comme le pensent ceux dont l'irrigation du cerveau souffre d'une casquette trop serrée ou alors de l'écoute prolongée du best of du rap français, "courant Jul", remixé par Bigard et Dieudonné ; non le covid est la création d'un ludophobe revanchard ! Bah quoi ? Ce n'est pas plus improbable !

La bonne nouvelle est qu'il semblerait que nous puissions imaginer voir bientôt la fin de ce tunnel ludique, et que nous puissions retrouver nos "vraies" némésis, celles avec lesquelles on risque au pire de se prendre une dérouillée (en mangeant des bonbons et en échangeant des bons mots)....