C'est un curieux rapprochement qui s'est produit chez les ludochons hier, un choc dans notre calendrier, puisque c'est le jour où on annonce que la France atteint début mars son jour du dépassement Carbone, que certains de nos ludochons s'aventurent sur le terrain de Paris New Eden, jeu post apocalyptique, où dans un Paris très vert (on se croirait dans une campagne électorale!), des aventuriers tentent de reconstruire une nouvelle ville...

Paris New Eden, mar. 2020 Paris - new Eden - Après les existentialistes, les survivalistes...

Pour tout dire ce qui surprend dans ce jeu c'est le côté pimpant des illustrations, attention nous ne parlons pas du "pimp" ludique cette tendance visant à customiser son jeu, non, nous évoquons bien l'adjectif pimpant et son cortège de couleurs joyeuses et de courbes rassurantes, pour un jeu post-apocalytique cela peut surprendre de prime abord!
En fait, si on regarde avec attention nos boites de jeu dès qu'il s'agit de l'apocalypse, il y a deux écoles.
D'un côté, il y a la version fête foraine pour survivalistes, là on est plutôt dans les couleurs sombres, la batte de baseball (puissance du soft power américain), la tronçonneuse (bis) qui est toujours à sec, la saleté et les amputations à vif à l'opinel (ça, c'est pour la French touch!).
Bref, ça ne va pas rigoler, et même si parfois c'est un peu moins violent (Otys aujourd'hui), on peut quand même penser que pour les concepteurs et certains des joueurs la compassion et les cellules miroir ne sont pas leur préoccupation principale. Bref si le livre avait encore un peu d'importance dans cet univers on dirait qu'ils ont brûlé Rousseau pour ne retenir qu'une version sous acide (ou stéroïde) du Leviathan de Hobbes...

À l'opposé, il y a les tenants de l'effondrement bisounours, les hommes habitent dans des arbres, et vivent de cueillette et de chasse (mais sans tuer des animaux, hein parce que, même si c'est conceptuellement pointu, c'est mal et puis ça peut être clivant chez les acheteurs). Là, la palette de couleurs est nettement plus pastel, et le jeu est apaisé, voire collaboratif...
Bref dans un des cas on mange des topinambours cultivés avec plaisir, dans l'autre, aussi, mais crus et à même la terre... Dilemme ? Pas faux...

Mais, voilà, comme il convient de le rappeler "Mother nature is a bitch" (notez qu'on le lui rend bien), et il est peu probable que le scénario qui nous attend ressemble à tout cela, et par principe donc il y a de bonnes chances pour qu'il nous surprenne... Pire notre surprise sera aussi en partie le fruit de notre cécité où souvent de notre capacité à ne préparer que ce que nous imaginons avec tous nos préjugés...
J'en veux pour preuve cette nouvelle "réjouissante": à Hong-Kong suite à quelques difficultés de "circulation", le papier toilette est devenu si rare qu'il intéresse le marché noir. Aviez-vous lu beaucoup de choses sur le sujet avant cette nouvelle et bien non... Et je pense d'ailleurs, avec émotion, au survivaliste qui dans sa cave passe ses soirées à retirer l'étiquette de ses conserves parce qu'il avait négligé ce petit détail... Et oui, de ce côté là nous avons un biais sérieux et depuis longtemps (ainsi avez-vous souvent vu des gratte-culs compagnons indispensables de nos poilus dans un musée de la première guerre mondiale, alors que les mitrailleuses sont légions?).

Reef, mar. 2020 Reef - Des récifs en plastique au fond de l'océan.... Visionnaire ?

Bref, le futur n'est jamais ce qu'on en pense et c'est pour cela qu'il faut souvent garder un attitude souple à son égard, certains collapsologues recommandent donc souvent de faire confiance à de petites sociétés humaines plus collaboratives, qui sont des entités assez souples et évolutives... Et, puisqu'il y a société dans jeu de société, nous nous permettrons de penser que ce qui nous prépare le mieux à l'avenir dans nos soirées ce n'est pas nos jeux mais nos joueurs... Enfin, si nous apprenons un jour la sobriété ludique et à ne plus pledger compulsivement pour du plastique ! On a encore du boulot et on est déjà le 5 mars...

Les jeux

  • Celestia (Aaron Weissblum chez Blam!)
  • Cyclades (Bruno Cathala et Ludovic Maublanc chez Matagot)
  • Otys (Claude Lucchini chez Libellud)
  • Paris : New Eden (Ludovic Maublanc et Florian Grenier chez Matagot)
  • Reef (Emerson Matsuuchi chez Plan B Games)
  • Rocketmen (Martin Wallace chez Asyncron)
  • Welcome to your perfect home (Benoit Turpin - Blue Cocker)
  • It's a Wonderful World (Frédéric Guérard chez La boîte de Jeu) x2

Les joueurs

  • Alain, Vincent (Bibou) et une invitée
  • Guillaume, Maude, Philippe et Serge
  • Olivier, Stéphane (l'aff) et Ulysse
  • Alexis, Manu, Michaël, et un invité
  • Bertrand, Cyril et Frédéric (et sa jeune assistante :-) )
  • AlainCM, Éric, Jean-Marc, Pauline et Vincent (à la barbe fleurie)


20200305_rocketmen.jpg, mar. 2020 RocketMen - Alors on fait moins le malin là ? Dans la fusée, hein, Elton ?