25 avril 2019 - Nous ne jouerons plus... ensemble...
Par Cheesegeek le vendredi, avril 26 2019, 08:27 - Comptes-rendus - Lien permanent
Hier soir, soirée assez classique chez les ludochons, où nous avons vu refleurir sur nos tables quelques vieilles boites dans lesquelles on fait encore de belles confitures et des jeux somme toute assez classiques....
Néanmoins dans les discussions et en observant les divers blogs ludiques il faut bien constater l'apogée du kick starter dans notre univers. Par certains cotés et c'est ce qu'on nous avait vanté, le financement participatif a permis l'édition de jeux un peu rares et ne soyons pas complètement innocents à certains éditeurs de se financer et de financer leurs jeux à peu de frais.
Imperial - le JdS c'est un loisir qui se joue à plusieurs et à la fin c'est Raphaël qui gagne.
Un monde parfait ? À voir. Le défaut est que finalement, aujourd'hui vous pouvez croiser deux groupes de joueurs et si vous leur demandez de raconter leurs années ludiques, vous découvrirez parfois qu'elles ne se ressemblent en rien... Il fut un temps où le nombre de jeux et de joueurs vous obligeaient à essayer diverses sortes de jeux et à vous confronter à différents types de joueurs dans l'année, aujourd'hui vous pouvez ne jouer qu'à des jeux confidentiels et avec des groupes immuables... On en arrive presque à avoir des chapelles, qui peuvent comme de bons religieux intégristes affirmer haut et fort leur pureté et se rendre sourds à tout type de jeu ou d'argument contradictoire.
Bref, il devient aujourd'hui compliqué d'avoir une vue générale du jeu, et de prendre du recul, sauf à consommer à outrance ce qui est finalement peut-être aussi critiquable.
Le modèle a montré cependant son efficacité financière, mais aussi artistique, dans le domaine de la création "télévisuelle", on a maintenant des systèmes vous permettant d'accéder à des catalogues énormes et à des contenus exclusifs (et de qualité). Formidable? Certes, si ce n'est que les catalogues ne sont jamais complets et qu'il faut alors soit jongler avec les abonnements (agilité illusoire), soit dépenser des sommes faramineuses pour n'utiliser qu'une partie du contenu. Si vous refusez de vous plier à ce système, certains des contenus sont définitivement inaccessibles. Si vous avez grandi à l'ombre des bibliothèques municipales (l'ancien nom des médiathèques avant que la peur des livres ne nous saisisse) ou de l'association "Culture et Bibliothèque pour Tous" (qu'ils soient remerciés ici), le concept vous parait finalement assez dérangeant. Comme si vous deviez vous intéresser au cinéma allemand en ne voyant que Murnau ou Fritz Lang parce qu'ils sont dans des "catalogues" différents... Et si on revient au monde du jeu, faudra-t-il un jour choisir entre Feld ou Knizia?
Argent - on en a effectivement pour son argent en terme d'espace occupé !
Par ailleurs, le financement participatif, on l'a dit, a permis d'éditer des jeux (et des films) qui par ailleurs n'auraient peut-être pas eu leurs chances, parfois parce qu'ils en se conforment pas au consensus, ou nous heurtent un peu dans nos convictions. Mais est-ce que finalement, nous n'allons pas restreindre les bons jeux ou les plus corrosifs à un public exclusif en privant tous les autres de ceux-ci? Et pire pour certains, est ce que finalement, plutôt que des bons jeux nous n'aurons plus accès qu'aux jeux qui nous ressemblent...
Le jeu de société se pratique-t-il encore en société s'il est joué dans une tour d'ivoire par un cercle d'élus évitant tout hérésie. Jouerons-nous encore ensemble ? CQFD
Bon à ce stade, vous devez commencer à vous dire : il est verbeux et chiant le rédacteur ce matin! Et vous aurez raison. C'est pour cela que nous vous proposons :
- Pour un 50 centimes, la "vraie" chronique du jour incluant un hommage à Dick Rivers de la naissance de son pseudo pas très heureux (lui même en convenait), à un évocation plus sensible rappelant ses nombreuses collaborations de qualité et surtout chose rare une autodérision qui n'excluait pas ses convictions (attention, un langage cru peut heurter certains lecteurs).
- Pour 1 € la chronique du jour mais cette fois avec un hommage ému à Jean-Pierre Marielle, avec une grande partie sur le culte "Les grands ducs", une évocation de tous les grands disparus (Rochefort, Kremer, Girardot, Noiret...) et des mentions de "Tous les matins du monde" et de l'admirable "La Controverse de Valladolid"... (attention, un langage direct pourra heurter les lecteurs des cahiers du cinéma et les fans de Vin Diesel)
- Pour 2 € le super-bundle avec les deux chroniques précédentes, ré-écritent en incluant des citations présidentielles sur l'art d'être joueur... (attention, un langage cynique pourrait heurter les gilets jaunes, les marcheurs, les insoumis, les républicains, les verts, etc...).
Ouaip c'est moche, mais, au final, ça coûte cher, les tours d'ivoire...
Gingerbread house - Pas d'ivoire ? Passons au pain d'épices ! C'est plus convivial !
Les jeux
- 51st State (Ignacy Trzewiczek chez Portla publishing)
- Argent The consortium (Trey Chambers chez Level 99 Games)
- Colony (Ted Alspach, Toryo Hojo, N2 sur Bézier games) x2
- Gingerbread house (Phil Walker-Harding chez Funforge )
- Imperial (Walther Mac Gerdts chez Eggertspiele)
- London (Martin Wallace chez Tree frog)
- The Palace of Mad King Ludwig (Ted Alspach chez Bezier Games)
Les joueurs
- Bertrand, Cyril (Atom), Joëlle, et John
- Bertrand II, Frédéric, Guillaume, et Raphaël
- Lisa, Magali, Noémie et Philippe
- Antonio, Cyril, David, et Renars
- Éric, Jean-Jacques, Michaël, Romain et une visiteuse
- AlainCM, Davy, Olivier et Suzel
51st state - Note à Fox News.... C'est un jeu!
Commentaires
London - Deuxième partie en deux semaines, et là, on ne peut pas dire que le plan se soit déroulé comme prévu: jamais dans le rythme, jamais assez d'argent,... Une belle cata mais un jeu qui est vraiment plaisant... Le sel du jeu vient sûrement en partie de cela, on doit effectivement programmer mais l'équlibre à trouver n'est pas facile et en tout cas changeant.
Palace - une deuxième partie très plaisante. A rejouer encore !
Gingerbread house - C'est mignon et ça se joue sans faim !
Je ne pense pas que ça soit le phénomène Kickstarter mais surtout l’offre pléthorique. Même sans Kickstarter, il y a tellement de sorties par mois que même si je le voulais je ne pourrais pas jouer à tout. Pourtant j’ai accès à une énorme ludothèque, entre les Ludochons et mes amis de Lyon et ma propre ludothèque qui a pris un peu d'embonpoint. Va falloir envisager un régime d’ailleurs.
D’ailleurs un jeu qui ne fait pas rapidement l’unanimité est vite relégué. J’estime que la durée de vie d’un jeu est de 6 mois, s’il ne s’est pas bien implanté, dans 6 mois il est soldé et dans un an on l’oublie. Sauf s’il y a une belle campagne de communication, par exemple Wingspan (sans dénier ses qualités). D’ailleurs Wingspan est un enfant de kickstarter, du matos inutile donc indispensable pour donner envie. Il y a 10 ans on aurait eu des jetons et et des cubes en bois
On peut aussi parler des nombreux Ok games qui ne sont là que pour occuper l’espace dans les rayons et qui disparaîtront rapidement. Du coup Ks ça permet d’offrir des choses différentes, mais c’est comme tout, faut garder son esprit critique et faire le tri. Par exemple Argent The Consortium est un jeu de 2015 qui a fait ses preuves, je l’ai acheté en okkaz et ai craqué sur l’extension sur le reprint du ks. Le matos est ultra classique, les pièces en métal c’est moi qui les ai ajoutées, à la base il y avait des pièces en plastique digne de la dinette de nos enfants (et encore).
Je suis très partagé sur kickstarter et je pense que le modèle n’est pas toujours sain, parfois ça s’apparente à une pyramide de Ponzi ou le porteur de projet finance son activité avec l’argent qu’il est train de lever sur la deuxième campagne avec le risque que la campagne ne marche pas et que ça fasse couler la boite. Une grosse boite polonaise vient de couler et les backers ne seront jamais livrés (avec certes probablement un peu de malversations, voire de détournement). Pour autant Kickstarter a permis de découvrir aussi de grand jeux qui sont aujourd’hui édités : Aeon End, Root, Culte, Spirit Island, Yokohama et bien d’autres, une forme d’ouverture sur le monde. :)
Pour autant, je serais partant pour une soirée à thème ou l'on sortirait tous les Wallace par exemple. Je ne demande que ça de découvrir London. Chez moi dorment The Arrival, Struggle of Empires ou bien Handfull Of Stars. Et il y en a plein qui manquent à ma culture.
@Atom...
Oui tu as raison sur la problématique de la largeur de l'offre, mais je pense néanmoins qu'il y a aussi un effet KS (ou autre), dans le sens ou on peut avoir des jeux qui ne deviennent accessibles que pour des initiés (et qui sautent l'étape du grand public). L'étape suivante est / pourrait être ce qui se passe dans les medias (et c'est pour cela que je fais le rapprochement), où on pourrait avoir une fermeture de l'offre avec des systèmes de fidélité / abonnement /exclusivité et j'y vois un risque sérieux et surtout sur celui-ci que je voulais insister sur le fait qu'il faut une langue un peu commune (des jeux que tout le monde connait ou peut connaitre) pour que nous puissions jouer avec tous et pas que chez des spécialistes.
@atom: Je suppose que tu as lu cet article sur the-overlord.com: "Kickstarter, Blockbusters et Cavalerie Financière"
Non du tout, mais j'ai parlé avec Fred Henry sur facebook sur ce sujet.
En fait je parlais surtout de cette petite news que j'ai écrite sur la faillite de Game Factory :
http://ludovox.fr/games-factory-fai...
Je pense aussi à un éditeur toulousain, dont le second ks est attendu (livraison bientôt apparemment). Sans ce second projet je n'aurais jamais reçu (je pense) le premier projet qui avait pourtant été financé