24 novembre 2016 - Le scorpion et la grenouille
Par Bertrand le vendredi, novembre 25 2016, 08:01 - Comptes-rendus - Lien permanent
Jeudi soir 19h30, encore une heure avant mon rendez-vous hebdomadaire des Ludochons.
Le repas est fini, les enfants jouent à une énième version du Monopoly, achetée par ma belle-mère (bien que ma ludothèque soit plus garnie que celle d’une vraie ludothèque).
« Note pour plus tard, organiser un accident de Murder Party avec la belle mère »
Bon, au moins, ils ne s'entre-tuent pas, ils ne crient pas non plus et, ne sont pas devant un écran. Regardons le verre à moitié plein, au moins ils jouent.
In the name of Odin - c'est beau et assez "pacifique"
Je suis crevé, entre boulot, famille et le semblant de sport hebdomadaire, je me répète mon mantra du jeudi soir « ce soir, je rentre tôt ».
Déjà, parce que ça me rassure, et qu’une partie de moi y croit, et qu’elle se voit déjà au lit à 22h30, le sourire du juste aux lèvres.
À force de me parler à moi-même, il est déjà 20h10, avec 30mn de route et le covoiturage autant dire que je suis … large !
J’ai bien le temps pour un petit café.
Ce n’est pas comme si la caféine avait des effets négatifs sur mon humeur, ma concentration, mon rythme cardiaque et, à peu près, chaque parcelle de mon corps.
Le temps de boire mon café, les enfants commencent à hurler, jeter des billets en l’air, sniffer des rails de sucre et danser sur la table....
Il est l’heure de partir tel un ninja. Sauf, que moi après un café, je suis plus du style Parkinson que ninja....
Passons le trajet, le covoiturage où tout le monde te regarde avec une grimace comme si tu avais 15mn de retard alors que 20h25 avec 20mn de route, on est large …
Mais j’ai ma technique pour calmer les esprits ludochoniens, je leur sors mon mantra du jeudi soir « ce soir, on rentre tôt » et j’ai droit à un soupir de consentement général qui apaise les esprits et les tensions.
Les voyages de Marco Polo - attention gros joueurs à la table
Arrivée 20h45 20h30 aux Ludochons, il est temps de se soumettre au protocole social du « Bonjour ».
Le but du jeu étant de dire bonjour à tout le monde en un minimum de temps pour pouvoir s’installer à une table rapidement et jouer rapidement pour ne pas rentrer trop tard (je rappelle pour ceux qui ne suivent pas, parce qu’ils sont rentrés trop tard hier), le tout en faisant la bise aux filles, mais pas aux malades, de serrer les mains des hommes mais de faire la bise à ceux chez qui on va manger ou qu’on a envie d’embrasser (sur les joues, gardez vos fantasmes Yaoi dans vos têtes et les bras à l’intérieur du siège) le tout en optimisant son déplacement dans la foule.
Une fois le jeu et la table trouvés, pour une durée de 30 minutes max., on apprend que le 30 minutes sur la boite, c’est 30 minutes par joueur …
Regards conspirateurs des covoiturés que vous avez forcé à jouer avec vous pour être sur de partir « tôt ». Il y a de grandes chances qu'eux savaient pour les 30 minutes…
« Note pour plus tard, organiser un accident de Murder Party avec eux aussi »
Par chance, le jeu a une règle de mort subite pour mettre fin à la partie et je mise toute ma stratégie dessus.
Alors que Vincent dit Possom, nous assure toute la partie qu’il n’est pas le joueur à abattre , pauvre de lui, et que selon ses dires, je serais l’ennemi numéro 1 (chose qui au vu de ma stratégie suicidaire laisse planer quelques doutes), les tours s’éternisent, les calculs se font de plus en plus longs et les têtes s'allongent elles-aussi …
Après quelques piques de Suzel sur le joueur vert ou bleu, je ne me souviens plus trop, et les 50 points d’avance de Raphaël, la partie s’achève.
Pour être franc, je suis frustré de ma stratégie suicidaire, qui non seulement n’a pas marché, mais m’a quelque peu gâché l’expérience ludique qui était pourtant très intéressante.
Coup d’œil rapide sur le téléphone, 23h15, la partie de moi qui croyait au couché à 22h30 s’est pendu avec le fil de mon radio réveil.
C’est alors que retentit le « allez un dernier petit jeu et on y va ?! »
…
Ce n’est qu’une fois dans mon lit à 01h00, les yeux grands ouverts, mon cerveau gavé de sucre et de caféine rejouant tous les coups de mes parties, que je me suis remémoré cet ancien poème :
Le scorpion et la grenouille
Un scorpion ne sachant pas nager avait besoin de traverser une rivière.
Il demanda à une grenouille passant par là de le mener jusqu’à l’autre rive sur son dos
- Il n’en est pas question, répondit la grenouille. Je te connais et je sais que si je te laisse monter sur mon dos, tu me piqueras pour me tuer.
- Mais si je fais cela, je vais également mourir noyé, répondit le scorpion. Cela n’a aucun sens !
La grenouille finit par accepter, mais alors qu’ils étaient à la moitié du parcours, le scorpion la piqua, lui injectant son venin mortel.
- Mais qu’est-ce que tu as fait, malheureux, s’écria la grenouille. Maintenant, nous allons mourir tout les deux !
- Je n’y peux rien répondit l’animal. Je suis un scorpion, c’est ma nature.
Honshu - des tuiles au format japonais
Les joueurs
- Bertrand II, Davy, Éric, et Nelly avec Marco Polo
- Alain, Jean-Philippe, Noémie, Olivier, et Thomas avec Gudrun
- Bertrand, David, Jean-Michel, Vincent (Tcho) en testeurs
- Suzel, Manu, Yoann et Zaggus
Les jeux
- In the name of Odin (Krzysztof Zięba chez NSKM Games)
- Honshu (Kalle Malmioja chez Lautapelit.fi )
- Pocket Madness ( Bruno Cathala, Ludovic Maublanc chez Fun forge)
- Le masque d'Anubis ( Takashi Hamada, Kenji Shimojima chez Gift Ten Industry)
- Les Voyages de Marco Polo (Simone Luciani et Daniele Tascini chez Filosofia)
- Prototypes
Pocket Madness
Commentaires
Excellent ce compte rendu !
Je me suis bien reconnu dans la gentille grenouille qui se fait avoir par les méchants scorpions ;)
In the name of Odin - Sur la réalisation pas grand chose à reprocher sur le design. Pour l'ergonomie, on regrettera quelques bugs (non rappel des valeurs pour le recrutement, absence de couleur sur les plateaux individuels, non rappel du besoin d'un token de construction pour le villages, etc).
Le jeu tourne bien, et il convient à chaque tour de gérer sa main au mieux en jetant un oeil sur vos concurrents. Cela tourne donc assez bien, assez vite et sans difficulté. On peut ainsi se laisser prendre par le jeu de construction, visant à réunir un chef, un bateau et les ressources nécessaires à un raid avant vos camarades.
Néanmoins, je trouve qu'il lui manque un je ne sais quoi pour être vraiment réussi (pas assez d'interactions ?..) La config à 5 n'est pas forcément la meilleure non plus. A essayer à 3 pour voir.