22 octobre 2015 - Le joueur est-il un ruminant ?
Par Cheesegeek le vendredi, octobre 23 2015, 07:21 - Comptes-rendus - Lien permanent
Il faut bien le dire le blog des ludochons ne rechigne jamais à évoquer les sujets de fond dont la hardiesse philosophique ferait reculer plus d'un libre penseur (à col ouvert ou non)... Et oui, il est enfin temps de se pencher sur cette question qui peut troubler, même l'esprit le plus serein, à savoir la proximité du joueur et du ruminant...
Rassurons, avant tout, ceux dont le petit-déjeuner, déjeuner ou diner est proche nous ne nous livrerons à aucune analyse subtile mais un brin émétique sur la digestion des paisibles vaches de nos contrées, vous pourrez donc continuer à nous lire sans vous demander si votre estomac à vous est, lui, bien attaché !
Potion explosion - non, ce n'est pas un jeu de billes
D'abord pour rassurer des générations d'enseignantes acariâtres qui nous interrogeaient sur notre proximité génétique avec de nobles bovidés, juste parce que nous n'avions pas jeté un modeste chewing-gum assez vite (souvent parce que cette même enseignante était devant la poubelle et que nous n'avions pas osé un courageux lobe), il faut préciser que nous consommons assez peu de chewing-gum (même si notre honnêteté intellectuelle nous oblige à admettre que c'est parce que notre bouche est pleine de bonbons gélifiés). De ce point de vue là, au moins, le joueur n'est pas un ruminant.
Ensuite, le ludochon rumine peu sa victoire (ou sa défaite), il n'est donc généralement pas et suivant l'acception populaire de cette expression un mauvais joueur. Cela peut se comprendre par une pratique intense du jeu, car même si on essaie toujours de gagner, après des centaines de parties, gagner ou perdre n'est pas si important, bien moins que le fait de passer un bon moment autour d'un jeu.
Switching tracks - il ya 10 ans on aurait dit un "jeu de trains" aujourd'hui c'est du "pick and delivery"...
Le joueur n'est donc pas un ruminant, alors ! Et bien, s'il ne rumine pas sa victoire ou sa défaite il rumine souvent ses parties et ses jeux... Que de discussions, avant ou après les parties, de comparaisons d'analyses émaillent les soirées des joueurs. Il y a souvent dans ces discussions une débauche d'esprit où tout est passé à la moulinette de nos analyses acérées, des règles du jeu à leur rédaction, du plateau, de l'ergonomie, du graphisme, de la cohérence thème / mécanisme, du côté novateur, du plaisir, de la fluidité, du chaos, de la sécheresse, de la longueur, du prix, du coût de production, de la taille de la boîte, du thermoformage, de la qualité du matériel, etc... Là, il faut bien l'avouer le joueur rumine (et le bovidé peut même le regarder avec respect dans ce domaine).
Mais il y a aussi une dernière forme de rumination, qui "justifie" ce thème aujourd'hui, celle qui est constituée par notre pratique ludique après un salon comme celui d'Essen... A cette occasion, des dizaines de jeux arrivent dans notre jeu, et dans un temps très court les ludochons veulent en savoir le plus possible sur tous ces jeux... Ils essaient donc, discutent, ré-essaient, cherchent l'information, interrogent leurs petits camarades, bref ils tentent de digérer cette masse importante de jeux en un temps très court...
Le joueur tient effectivement en cette saison du ruminant mais il est bien moins efficace que celui-ci puisqu'il lui faudra plusieurs mois pour se faire une idée plus nette du "cru".
Yspahan - retour d'un bon classique assez malin
Hier, le ludochon ruminait donc sur de nombreux nouveaux jeux... mais aussi de moins jeunes....
Les jeux
- Clochemerle / My village (Inka & Markus Brand chez Gigamic)
- The Golden Ages (Luigi Ferrini chez Quined Games)
- King of Tokyo (Richard Garfield chez Iello)
- Pix (Laurent Escoffier , David Franck chez Game work)
- Potion explosion (S. Castelli, A. Crespi, L. Silva chez Horrible Games)
- Set (Marsha J. Falco chez Gigamic)
- Sheepzzz (Bruno Cathala che Hurrican)
- Switching Tracks (Kris Gould chez Wattsalpoag Games)
- Yspahan (S. Pauchon chez Ystari)
Clochemerle - La satire de Chevallier avait une certaine drôlerie, là, cela a l'air plus... sérieux
Les joueurs
- Christophe, Jean-Michel, et la famille sur King of Tokyo
- David, Éric, XXXXX , et Zaggus sur The golden ages
- Alain, Bertrand, Magali, et Suzel sur Clochemerle
- Frédéric, Olivier, Quentin, et Yoann sur Potion explosion / Switching Tracks
- Léopoldine, Nathalie, Noémie et Stéphane (l'aff) sur Yspahan
INS / MV - on n'y a pas joué hier mais cette nouvelle version a allumé plein de souvenirs chez les "vieux" joueurs
Commentaires
Note : une certaine humeur morose de ma part a pu égarer mon jugement...
Potion Explosion - J'attendais beaucoup de ce jeu (après les retours positifs de Suzel à Essen) et je fus un peu déçu. Le mécanisme central (bien connu dans le jeux vidéos) fonctionne parfaitement et reste assez sympathique, mais on ne peut pas faire grand chose entre deux tours (sauf se faire piquer des billes), le graphismes et l'ergonomie des fioles et pictogrammes sont discutables, et on ne maitrise pas trop les événements. Bref c'est rapide, pas déplaisant mais je suis resté un peu sur ma faim.
Switching tracks - C'est un peu la même chose. je trouve maline l'idée de focaliser sur l'aiguillage plutôt que sur la voie elle-même et je commence la partie plutôt avec intérêt, mais assez vite plusieurs trucs m'ennuient : un sérieux côté win2win (oui je n'avais qu'à bien jouer !), des cartes assez déséquilibrées, un tirage qui peut ruiner les efforts de planification,et certains pouvoirs qui finalement ne font de la bascule des aiguillages qu'une formalité, pour des trains surpuissants qui font des aller-retour... Bref pas convaincu sur cette première partie (et déçu de ne pas l'être).
PS: et je ne parle pas du graphisme ! ;-)
Potion Explosion - J'ai trouvé le jeu distrayant, peut-être un peu trop dépendent du hasard pour le choix des potions (à la fin il ne restait que des potions avec moins de 5 PV sur les différentes piles). C'est rapide donc le côté peu maîtrisable ne me dérange pas. En revanche, je confirme que l'ergonomie des fioles n'est pas idéale, difficile de reconnaître les différentes fioles.
Switching Tracks - Bon le win2win c'était pour moi :-) La carte "storage office" est clairement buggée, mais l'auteur a indiquée qu'elle devrait être limitée à 5 ressources. Mais de toutes façons je trouve les cartes très (trop) puissantes. Dommage car j'aimais bien le principe du jeu. Bon le graphisme, comment dire, difficile de croire que l'éditeur a réellement payé un illustrateur. N'importe quel jeu de Wallace est plus beau !